La
Résistance que le nom de la place commémore est évidemment celle du
mouvement qui a pris naissance après l'occupation du sol français par
l'armée allemande en 1940.
Ses débuts sont modestes et très divers. S'il
semble bien que le capitaine Frenay ait été le premier à prendre contact
avec Londres, il y eut très vite d'autres initiatives.
La plus importante par ses moyens fut celle de
l'armée. L'armistice obligeait à mettre en stock les matériels rendus
disponibles par la démobilisation et à les livrer aux Allemands. Le
réflexe immédiat du général Picquendan, chef d'état-major de l'armée,
fut de prescrire secrètement le camouflage du maximum de matériel. Un
service, lui-même camouflé, fut créé sous le commandant Mollard et
réussit à obtenir des résultats considérables, notamment en créant des
sociétés civiles de transport avec des camions militaires. De la même
manière, l'armée voulant conserver une main sur le recrutement créa un
service civil démographique et prépara l'organisation d'une mobilisation
camouflée. Tous ces réflexes, qui se révélèrent par la suite très utiles
en Afrique du Nord, |

Véhicule des FFI à la Libération de Paris |
furent compromis en métropole par l'occupation
allemande totale. Ils permirent cependant dans certains cas d'aider à la
mise sur pied des FFI.
Plus décousus furent les mouvements civils qui par
Frenay devaient donner naissance à Libération et par
Emmanuel d'Astier de La Vigerie, un officier de marine, allaient créer
le mouvement Combat. La première tâche de ces mouvements
et de ceux qui se créèrent par la suite était de se tracer un programme
d'action. Trois voies s'ouvraient devant eux : une action politique
d'étude et de propagande, une action paramilitaire de renseignements au
profit de la France libre ou des Anglais, une action de terrorisme
pouvant aller jusqu'à l'organisation d'une résistance armée. En 1940,
cette dernière solution était impossible, mais en 1941, à partir de
l'entrée en guerre de l'U.R.S.S., ce fut l'objectif principal des
organisations communistes. Sous l'impulsion des services de
renseignement français et anglais de Londres - et aussi, il faut le
dire, du service de renseignement de Vichy -, les réseaux de
renseignements se mirent à proliférer avec, comme moyen de transmission,
le poste radio-valise, apporté avec son opérateur par parachutage ou par
atterrissage de petits avions Lysander. Il fallut alors faire
l'apprentissage de la clandestinité après de cruelles expériences.
Simultanément, les mouvements politiques se développaient, avec une
activité de presse clandestine et de tracts, de prolifération sur les
murs du V de la victoire et de la croix de Lorraine.
Toutes ces bonnes volontés parfois anarchiques,
souvent d'une imprudence folle, avaient besoin d'être fédérées et
encadrées. Ce fut la tâche constante du B.C.R.A. de Londres qui, sous
l'impulsion du général de Gaulle, se préoccupait d'établir un certain
contrôle sur la France. L'envoi, par Londres, de jean Moulin, préfet
révoqué par Vichy, devait permettre de jeter les bases d'une première
organisation de la Résistance. L'évolution de la guerre montrait
l'urgence de cette mesure.
En effet, sur tous les théâtres d'opérations de
cette guerre devenue mondiale, on constate à partir de juillet 1942 que
l'espoir commence à changer de camp.
d'après l'Histoire
de la France, pp. 93 et 94, Éditions
Culture, Art et Loisirs, 1972 |